Cdiscount « attend entre 8 et 10 millions de visiteurs rien que pour le Black Friday »

Créé en 1998 à Bordeaux, le site de vente en ligne Cdiscount, aujourd’hui détenu à presque 100 % par le groupe Casino, réalise un chiffre d’affaires d’environ quatre milliards d’euros. Le siège social de l’entreprise est toujours basé à Bordeaux, où se concentrent environ 1 300 salariés, tandis qu’environ 1 000 logisticiens sont répartis sur les quatre entrepôts du groupe en France, ce qui représente une surface de stockage de 500 000 m². Equipe logistique qui double à partir d’octobre, pour préparer des événements comme le Black Friday, puis les vacances de Noël. 20 Minutes a interrogé la directrice générale adjointe de Cdiscount, Marie Even.

Comment se prépare-t-on pour un événement comme le Black Friday ?

C’est une date qui marque le début des achats de Noël. Nous avons généralement 20 millions de visiteurs par mois sur notre site, nous attendons entre 8 et 10 millions pour le seul Black Friday, bien que cela devienne la Black Week pour la plupart des sites de vente au détail dans la file d’attente. Nous constatons un trafic très dynamique depuis vendredi dernier. Nous avons près de 200 personnes qui travaillent en permanence pour trouver le meilleur produit, au meilleur prix, chaque jour, et le Black Friday est un événement que nous préparons des mois à l’avance, presque dès le début de l’année, afin de présenter les meilleures offres possibles. .

Comment cela est-il organisé dans vos entrepôts ?

En termes de surface, nous avons plus qu’assez pour stocker les produits. D’autre part, nous doublons la taille de nos effectifs d’ici la fin de l’année. Ils arrivent par vagues successives à partir de fin septembre, début octobre. Notre entrepôt de Cestas près de Bordeaux, par exemple, est passé de 600 à 1 400 opérateurs logistiques.

Dans vos entrepôts, quelles solutions mettez-vous en place pour moins consommer et moins gaspiller, notamment dans les emballages ?

Nous avons lancé des initiatives pour réduire l’impact carbone de la logistique il y a huit ans. Nous avons été actifs dans le transport, le conditionnement, sans oublier les conditions de travail de nos métiers. Par exemple, nous avons investi massivement dans six machines d’emballage 3D, qui scannent les trois dimensions du produit pour permettre au carton de s’emboîter au plus près. Environ 85 % de nos produits sont ainsi emballés de manière optimale, ce qui permet d’économiser 30 % sur les cartons. En optimisant également le chargement de nos camions, qui sont complètement pleins, nous réduisons du même coup le nombre de camions sur la route de 30 %. C’est colossal. Autre exemple, nous avons travaillé des centaines de fois avec la start-up Hipli et leurs emballages réutilisables. Le client peut donc retourner l’emballage de son produit, après l’avoir plié et déposé dans la boîte aux lettres. Alors même s’il s’agit de sacs plastiques, c’est quand même plus vertueux qu’une simple boite. Nous prenons également des mesures pour retirer les emballages des produits qui ne présentent pas de risque particulier. Nous interrogeons nos clients à l’avance, dont 98% acceptent que leur produit soit déballé. Nous travaillons à élargir la liste des produits éligibles.

Il y a aussi la question de la livraison du dernier kilomètre, comment réduire son impact ?

En effet, il existe des problèmes de nuisances sonores et de pollution de l’air. Dans les grandes villes, nous avons fait le choix de développer des flottes électriques. Nous expérimentons à Lyon des livraisons de gros volume, comme des machines à laver, sur des vélos cargos, avec une start-up qui s’appelle Fends la bise. Pour notre offre de livraison le jour même, qui est de petits produits pour les clients habitant les grandes villes, nous utilisons les TGV : les colis sont installés sous le wagon-bar, prennent le train et sont récupérés à l’arrivée par un fourgon électrique pour être livrés au consommateur . J’entends souvent dire que la livraison express est plus polluante, ce n’est pas forcément vrai, cela dépend de la façon dont on livre. Chez Cdiscount, la livraison la plus rapide est la moins émissive. Nous avons également été les premiers à développer un si grand réseau de points de collecte, aussi bien pour les petits que les gros produits, partout en France, ce qui limite les déplacements. Nous avons récemment ouvert jusqu’à 200 points de collecte dans des fermes rurales, en partenariat avec une autre start-up, Agrikolis. Nous en avons un sur l’Ile de Ré, d’autres à la montagne.

Et la livraison par drone, que vous vouliez essayer ?

Avec toutes les offres de livraison pour les clients, ce n’est franchement pas une priorité aujourd’hui.

Certaines entreprises technologiques traversent une crise, après le Covid-19 qui a vu leur activité monter en flèche. Comment ça se passe de votre côté ?

Le Covid a été pour nous un moment de forte mobilisation, car tous les magasins étaient fermés, ne laissant que le e-commerce pour les produits non alimentaires. Nous n’avons jamais cessé de faire des livraisons, ce qui nous a permis d’attirer de nouveaux clients. Donc, en fait, le niveau d’activité post-Covid a baissé du fait d’un effet de reprise, mais nous n’avons pas perdu ces nouveaux clients. Et surtout, le Covid a accéléré l’usage du numérique.

En revanche, plusieurs secteurs connaissent des difficultés de recrutement, est-ce votre cas ?

Non, car nous maintenons notre capacité à attirer, que ce soit des logisticiens ou des ingénieurs, même si le marché est vraiment tendu. Mais nous sommes en constante évolution : nous avons eu dix ans de e-commerce classique, alors en 2011 nous avons décidé d’ouvrir la place de marché, ce qui nous permet d’avoir l’offre la plus large possible avec 14 000 vendeurs, proposant un total de 80 millions de produits sur notre site . Dans le même temps, nous sommes passés de 80 ingénieurs informaticiens à près de 700 aujourd’hui. Nous sommes passés d’une entreprise très commerciale dans son ADN à une entreprise avant tout technologique, sans perdre notre culture retail. Cette histoire et les investissements massifs que nous avons réalisés nous offrent un terrain de jeu extraordinaire pour les métiers de la technologie. En revanche, la concurrence est plus forte, toutes les entreprises étant en pleine transformation digitale, l’enjeu est donc de rester attractif.