Laurent Nunez : Les JO devant le nouveau préfet de Paris

Après la nomination de Laurent Nunez préfet de police de Paris, mercredi 20 juillet, le ministre de l’intérieur a mis en place la nouvelle feuille de route du département, avec un objectif annoncé dès le départ : le bon déroulement des JO 2024, « exceptionnel et événement stratégique ». », appuie Gérald Darmanin, dans une interview au journal Le Parisien.

Le ministre de l’Intérieur met l’accent sur la sécurité dans la capitale, qui sera « (sa) priorité, et celle de Laurent Nunez ». Dans ce contexte, il a annoncé la création de 1.000 postes de police à Paris d’ici cinq ans, et une augmentation significative de la présence d’agents dans les transports de la capitale, un « territoire » qu’il faudrait « reconquérir », selon ses termes.

Des mesures bien accueillies par les syndicats

Des mesures bien accueillies par les syndicats

Gérald Darmanin annonce également la création d’un « centre de formation et d’entraînement de la police » pour le département dans le Val-de-Marne. Cela devrait permettre aux agents de mieux s’adapter aux problématiques spécifiques de Paris, comme le souligne Yvan Assioma, secrétaire national du syndicat Alliance : « Le maintien de l’ordre dans la capitale n’est pas le même qu’en ZAD en province, par exemple. »

Ces mesures sont généralement bien accueillies par les syndicats de police, notamment par Grégory Joron, secrétaire général du SGP-Police-FO-Unité, qui insiste sur la nécessité pour la police d’occuper le terrain : « C’est une forme évidente de prévention quand des agents présents, mais aussi une réaction plus rapide et plus efficace. Mais pour occuper le terrain, encore faut-il du personnel ! Yvan Assioma souligne la nécessité d’augmenter les effectifs des transports en Île-de-France, également convaincu qu’ils constituent un territoire trop peu maîtrisé.

La nécessité d’une stratégie de long terme

La nécessité d’une stratégie de long terme

Ces collaborateurs supplémentaires sont-ils susceptibles de relever le défi de la sécurité à Paris ? Chercheur en sciences politiques au CNRS et spécialiste des affaires policières, Sébastien Roché est sceptique. « Très souvent des moyens sont annoncés mais il n’y a pas de planification, il n’y a pas de stratégie à long terme », regrette-t-il, pointant l’absence d’une culture de l’évaluation au ministère de l’Intérieur, qui permettrait d’appréhender précisément les atouts et faiblesses de la police. « Il ne suffit pas d’ajouter de la force, il faut définir des objectifs concrets et durables », poursuit le chercheur.

Les Jeux olympiques : le défi de l’encadrement

Les Jeux olympiques : le défi de l’encadrement

S’agissant plus spécifiquement de l’organisation et de la sécurité des Jeux, le chercheur regrette également le manque d’expérience de la France dans la « gestion des grands événements pacifiques, qui ne se fait pas de la même manière que la gestion des émeutes : ce n’est pas un problème d’ordre mais Pendant les Jeux, il faudra non seulement assurer la sécurité des installations et des « officiels » de passage, mais aussi celle, plus délicate, du public, attendu en grand nombre. « Le mandat de la L’ancien préfet, Didier Lallement, était marqué d’une opposition entre l’Etat et les citoyens, analyse Sébastien Roché. Lors de tels événements, la foule doit être considérée comme des clients satisfaits et non comme une menace à contenir. »

Un changement de paradigme qui, sans réforme plus profonde, permettrait d' »éviter la catastrophe », à l’heure où le mouvement des gilets jaunes et, plus récemment, l’échec des excès au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions ont terni la réputation à l’étranger de la police française.