Le casino crée des passerelles entre le métavers et le monde physique

Le groupe Casino développe une stratégie sophistiquée autour du métavers et du Web3, avec une conviction : la complémentarité avec l’existant dans une logique d’omnicanalité. Témoignage de Stéphanie Zolésio, DG de Casino Immobilier.

Les initiatives Web3 foisonnent au sein du groupe Casino. Monoprix, par exemple, a lancé des collections NFT et organisé des ateliers culturels dans les boutiques parisiennes. La Nouvelle Cave, qui comptera bientôt trois magasins, propose également des jetons non fongibles.

Cependant, ces jetons ne sont pas spéculatifs. Ils constituent les titres de propriété des bouteilles de vin vendues par le négociant en vins. Ces différents projets de groupe s’inscrivent dans une même recherche ou test & apprendre « Nous apprenons », a déclaré Stéphanie Zolésio, Directrice Générale de Casino Immobilier, lors de l’IMAgine Day Métavers.

Des convergences entre magasins et parcelles métaverse

L’intérêt du signe ne se limite pas au domaine du métavers. Selon son dirigeant, un professionnel de l’immobilier, la tokenisation ouvre également de nombreuses possibilités pour leurs entreprises. Côté métaverse, c’est sans doute avec la marque Club Leader Price que Casino a poussé le plus fort ses expérimentations.

Et pour Stéphanie Zolésio, ce n’est pas une surprise que Casino Immobilier soit aux manettes.

Nous créons des espaces pour que les marques s’expriment. Jusqu’à présent, ces espaces étaient plus physiques. Les métavers peuvent sembler très éloignés, mais en fait nous sommes sur la même logique et les mêmes méthodologies », justifie-t-elle.

Ainsi, la mission principale d’agrégation de flux clients se poursuit dans le monde virtuel. D’autres convergences existent, dont la possibilité d’acheter des terrains, des parcelles dans l’univers du métavers, et de les aménager pour les commerçants – à commencer par ceux du groupe.

Stéphanie Zolésio, Directrice Générale Déléguée de Casino Immobilier © Coins.fr

« Nous travaillons aussi avec d’autres enseignes partenaires. Nous avons toujours eu cette culture du corner en magasin. C’est quelque chose qui peut aussi se développer dans le métavers », estime le directeur général. Pour imaginer ces évolutions futures, il est donc indispensable d’essayer .

Le Club Leader Price adapté à l’expérimentation

À cette fin, Casino a préféré des plates-formes métavers plus générales, par rapport à d’autres fortement orientées vers les jeux. L’entreprise possède donc plusieurs parcelles, notamment sur The Sandbox.

En test & apprendre, il est important de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », souligne Stéphanie Zolésio.

Restait encore à définir les bons cas d’usage, c’est-à-dire adaptés notamment à la bonne marque. Attention à ne pas « shooter une image de marque ou un ADN ». Casino a trouvé un candidat idéal : Club Leader Price. L’enseigne est en pleine transformation depuis 2020 et la cession des 515 magasins de l’enseigne à un concurrent.

Stéphanie Zolésio, Directrice Générale Déléguée de Casino Immobilier © Coins.fr

Le Club Main Price est donc désormais une « startup » et un e-commerçant. Pour le dirigeant, cette « marque en construction (…) plus agile et flexible » constituait un « formidable terrain de jeu ». Avec les clients connectés, c’était aussi « un terrain plus fertile » pour les expérimentations Web3.

Cette communauté de clients, très active sur les réseaux sociaux, avide de promotions et affichant « un fort taux d’engagement communautaire » avait des caractéristiques en commun avec les profils d’utilisateurs des plateformes métavers.

Préparer en interne, dans tous les services, l’explosion du métaverse

Poussant ces expérimentations, Casino s’est aussi mobilisé en interne, au-delà des équipes innovation et marketing. La finance, la comptabilité, le droit sont également concernés par le Web3. Le groupe, à travers leur test & apprendre, s’efforçant donc de se cultiver et de se préparer à l’explosion du métaverse.

Parce qu’on en est convaincu, ça va exploser […] Il faudra alors être prêt », insiste Stéphanie Zolésio.

Pour le Main Price Club, Casino a déployé un projet complet fondé sur une conviction : la complémentarité entre les mondes physique et virtuel. C’est le principe de l’omnicanal, cher aux hommes d’affaires, et que le métaverse ne remet donc pas en cause.

« Nous ne cherchions pas à créer une chose purement numérique. Notre intention était de ramener le consommateur à l’expérience déjà existante de nos marques, magasins, sites internet […] Nous utilisons le métaverse, non pas pour s’opposer à ce que nous avons construit, mais pour le compléter ».

Le résultat est donc un jeu-gagnant sur The Sandbox. Mais pour fonctionner, il était indispensable de créer des liens entre le virtuel et le réel et d’introduire de l’intérêt. Un gain totalement virtuel n’ajouterait rien de plus au branding d’une marque déjà existante, estime le directeur général de Casino Immobilier.

Des allers-retours entre physique et virtuel pour l’utilité

Dans cette optique, elle a donc développé un mécanisme construit autour d’allers-retours physiques et virtuels. Ainsi, la participation au jeu nécessite d’être client du Club Leader Price. L’opportunité avec le play-to-win de mettre en place le recrutement. Après la commande, un consommateur est invité à exprimer son intérêt à jouer dans le métaverse.

Il reçoit alors, avec sa commande, un ticket à scanner sous forme de QR code. Il s’agit d’un pass donnant accès au scénario du Casino dans The Sandbox. En participant au jeu, le consommateur peut gagner des biens numériques équivalents à des promotions valables sur ses commandes. C’est une nouvelle connexion entre le physique et le virtuel. Et ce n’est pas le seul.

Pour concevoir son jeu, Casino a fait appel à un studio. La marque n’a pas souhaité internaliser cette capacité pour le moment.

Au début de cette aventure, nous n’avons aucune idée, ni sur quelle blockchain aller, ni sur quel système. Nous voulons absolument rester agnostiques tant que le test & l’apprentissage ne sera pas terminé.

En choisissant des plateformes métavers généralistes aux graphismes simplistes, Casino a également fait un choix technique pour toucher la cible la plus large possible. Il n’est pas nécessaire d’avoir un équipement performant comme souvent dans le monde du gaming. Les codes du jeu vidéo sont toujours présents. Ils sont un moyen de « démontrer ce que web3 permettait de faire ». Un casino a complété ces codes par ceux de sa marque et de son secteur.

Des avatars à collectionner et évolutifs donnant des avantages

Le caractère ludique du dispositif développé pour le Club Leader Award est aussi une opportunité d’engager leur communauté. Les membres ont la possibilité de collecter des objets, de gagner des rangs et de gagner des réductions, des codes QR.

Stéphanie Zolésio, Directrice Générale Déléguée de Casino Immobilier © Coins.fr

En juillet, le distributeur a encore complété son dispositif en y intégrant des avatars. Et là aussi, les connexions entre physique et virtuel sont omniprésentes. Ces avatars, au nombre de 10 au total, correspondent à des départements opérations ou retail. Le fournisseur vous permet de bénéficier de la livraison gratuite. Le vigneron propose des réductions sur la section des vins, etc.

Les avatars permettent de jouer, mais aussi de profiter de promotions. Et ces personnages sont des NFT, offerts gratuitement aux clients. Libre était la conviction.

Il visait à prouver « que les NFT ne sont pas qu’une chose très chère et spéculative. Surtout, ça peut servir et ça ne marchera que s’il a une utilité », se défend Stéphanie Zolésio.

Une création de wallet facilitée et sans référence blockchain

En proposant à ses clients de « réclamer » ou réclamer ces NFT, la marque a enregistré un réel intérêt. 30% des destinataires de ses emails ont ainsi réclamé leur NFT. Et pour en prendre possession, Casino a choisi de faciliter le processus. Oublié la création du portefeuille Metamask et « ses 25 étapes ».

L’entreprise a créé une application en marque blanche avec un partenaire (Arianee, même si le nom n’est pas précisé). Cette application mobile sur iOS et Android est un portefeuille. En « 3 clics », après avoir scanné un QR code, le client peut y enregistrer son avatar, pour jouer, l’utiliser dans le e-commerce de la marque ou l’échanger.

Notre rôle est de vulgariser, de démocratiser et surtout de faciliter l’accès ». Cela se fait avec ce portefeuille dans un téléphone mobile. Les consommateurs peuvent collectionner les différents avatars disponibles. Une fois la collecte terminée, ils bénéficieront d’avantages exclusifs.

De plus, ces avatars peuvent évoluer. « Plus il est utilisé, plus il grandit », et avec lui les avantages associés. Le vigneron, par exemple, donnera droit à -5%, puis -10 et -15% au fur et à mesure de sa croissance.

Casino dans la prochaine Alpha de The Sandbox

Casino est prêt pour cette première expérience. Cependant, sa mise en œuvre est lente. Le jeu est terminé depuis mars, contrairement au jeu de plateforme The Sandbox. Il est encore en Beta et son ouverture aux joueurs se fait au fil des saisons. Pour chaque saison, l’éditeur sélectionne des « expériences globales ».

« A l’époque, ce n’était pas si clair et on espérait s’en sortir un peu plus vite », regrette le directeur de Casino. En attendant, la marque a donc organisé des communications sur les réseaux sociaux, en proposant notamment les services d’un influenceur sur Twitch (55K retweets et un ROI très satisfaisant). Elle a également profité de cette période d’attente pour présenter ses avatars.

Si cet échec a causé de la frustration, Stéphanie Zolésio affirme avoir reçu l’assurance que le jeu apparaîtra dans la prochaine Alpha de The Sandbox. La date n’a pas encore été précisée.

Ce lancement effectif fera office de baptême du feu pour le dispositif présenté comme « à la fois un programme de recrutement, d’engagement, de fidélisation et d’activation des communautés ».