Les paris sportifs en ligne, marché en plein essor, peuvent conduire à l’addiction, prévient l’Autorité de santé publique – PAUL ELLIS © 2019 AFP
La Coupe du monde masculine aura-t-elle été pour certains un premier pas vers l’addiction au jeu ? 615 millions d’euros ont été joués en ligne pendant la compétition, un montant plus élevé que prévu, a annoncé samedi l’Autorité nationale des jeux (ANJ).
Dans le cas de Mehdi, qui a témoigné mardi sur BFMTV, les paris sportifs ont été la porte d’entrée de son parcours de drogué aux jeux d’argent. « J’ai connu les paris sportifs il y a un peu plus de quatre ans grâce à une simple annonce à un arrêt de bus », a-t-il déclaré sous couvert d’anonymat.
« Le premier pari que j’ai fait était d’un euro symbolique et je l’avais gagné. C’était une somme dérisoire, j’avais gagné 2,50 euros, mais je pense qu’à ce moment-là, j’avais déjà commencé à nourrir une dépendance naissante dans mon cerveau », explique-t-il. .
Jusqu’à 6000 euros de mise par main
Petit à petit, Mehdi joue de plus en plus et augmente les mises. « J’ai commencé par les paris sportifs et petit à petit, quand les pertes se succèdent, le cerveau veut récupérer cet argent, et il faut jouer et gagner plus vite » poursuit le jeune homme, qui a donc « parié dans le casino en ligne ».
Au plus fort de son addiction, il dit avoir misé jusqu’à 6 000 euros par main au blackjack.
« Au début on joue pour le plaisir », décrit Mehdi, mais « quand on devient complètement addict, on joue juste pour se sentir bien, pour se sentir vivant ».
Cet ancien toxicomane explique comment le jeu a affecté son humeur : « Si on gagne un pari ou une main de blackjack au casino, on veut être bien avec ses proches, on veut être avec eux, s’amuser avec eux ». A l’inverse, « lorsque nous subirons une perte, nous nous fermerons et nos proches ne comprendront pas ».
Une maladie reconnue
Il affirme être tombé en dépression durant cette période : « Comme on n’aime pas la vraie vie, on se plonge dans le jeu, ça permet d’oublier qu’on est dans la merde ». Mehdi dit avoir « complètement arrêté » les jeux d’argent il y a un an et demi : « J’ai reçu un choc électrique quand ma banque m’a envoyé un courrier pour me dire qu’ils allaient fermer mon compte », raconte celui qui dit avoir conclu un accord un non. moins de huit crédits à jouer.
Ce type de comportement est en réalité malsain, souligne le médecin toxicomane Juliette Hazart, sur BFMTV. Les jeux d’argent et de hasard font partie des addictions comportementales, ou « addictions sans substance », qui « se caractérisent par le fait qu’il est impossible de contrôler la réalisation d’une activité », explique de son côté Sygesikringen. « Un sentiment de tension montante s’installe avant de passer à l’action, et au moment de la pratique, la personne ressent de la joie ou du soulagement », ajoute l’Assurance maladie.
« La ludomanie est une maladie chronique, il faut le dire pour la déstigmatiser. Ce n’est pas un manque de volonté de la part de la personne », précise Juliette Hazard.
Selon une étude de l’Observatoire des jeux – organisme public supprimé en 2020 – publiée en 2015, « les joueurs problématiques (joueurs à risque excessif ou modéré) » ont tendance à être des hommes et sont « plus jeunes que tous les joueurs ». Ils appartiennent à des « milieux sociaux plus modestes » et sont moins qualifiés et moins actifs professionnellement que l’ensemble des joueurs.
Des publicités qui ciblent les jeunes
Certaines publicités pour les jeux d’argent s’adressent précisément à ces publics cibles, ciblant notamment les jeunes, comme le déplore par exemple l’association Addictions France.
Ainsi, le 19 décembre, Addictions France avait dénoncé les « techniques marketing douteuses » des sociétés de paris sportifs et d’alcool, « les autres vainqueurs » de la Coupe du monde, selon elle.
« Présents dans les lieux publics et sur internet », les opérateurs de sites de paris en ligne et les alcooliques « encouragent les pratiques malsaines tout en associant clairement le football à la consommation d’alcool et aux jeux d’argent », écrit l’association dans un communiqué. A la suite des parlementaires communistes, le député LFI Carlos Martens Bilongo a présenté mi-décembre un projet de loi visant à interdire la publicité des paris sportifs afin de limiter l’addiction qui peut en découler.
Article original publié sur BFMTV.com