Pierre de Bourgoing a grandi à Sommervieu. En septembre 2019, il revient à Paris pour intégrer une école d’E-Sports. En juin 2022, il obtient son diplôme.
Par Jeanne d’Angleterre
L’E-sport, c’est quoi ?
Publié le 7 août 22 à 12:40
Lorsqu’on demande à Pierre de Bourgoing, 20 ans, d’expliquer à un lecteur de Renaissance ce qu’est l’E-Sport, il bégaye, avant de résumer :
Il s’agit d’une compétition de jeux vidéo entre joueurs, qui peuvent être amateurs ou professionnels. « ESports » signifie « sports électroniques ».
La suite logique des choses
C’est une idée de rivaliser avec d’autres joueurs, mais en ligne. Et c’est une vaste discipline : il y a autant de jeux que de sports.
Dès l’âge de 13 ans, Pierre s’intéresse au monde des jeux vidéo. D’abord avec la Wii, une console relativement démocratique, puis avec la Playstation, qui lui permettait de jouer à distance avec ses amis. « Et au lycée, je jouais sur le PC de mon père », se souvient-il.
Un ami m’a expliqué deux ou trois manipulations, m’a montré les bons trucs, et c’est devenu une passion.
Depuis son domicile de Sommervieu, il est rapidement entré en contact avec des joueurs du monde entier. « La communauté des joueurs [joueurs, ndlr] est beaucoup plus grande et internationale qu’on ne le pense », a-t-il déclaré.
Cette passion a conduit à la Paris Games Week, un événement qui réunit amateurs et professionnels autour des jeux vidéo. C’est là qu’il découvre la XP School, où il reprendra ses études quelques mois plus tard.
Une école polyvalente
J’ai vu un stand avec des écoles d’E-Sport. Il m’a interpellé, je suis allé le voir. J’ai pensé « pourquoi pas ? » « .
Les conditions d’entrée à l’école n’ont pas fait reculer Pierre. Accessible après le bac et sur concours, la XP School est l’une des deux écoles ESports reconnues en France. L’objectif est que les étudiants sortent de leur formation avec un bagage complet. Au programme : des cours de commerce, de programmation, de design, de gestion de projet… L’école propose une licence en trois ans, qui peut être complétée par un master en deux ans. Si la XP School possède plusieurs campus en France, Pierre a choisi d’étudier à Paris.
Un pas vers l’inconnu
J’ai de la famille là-bas qui pourrait m’héberger, mais c’est aussi parce que les opportunités dans la capitale sont plus grandes.
Quand Pierre a dit à ses parents qu’il voulait suivre un cours d’esport, « ils étaient un peu confus ». Il faut dire que sa promotion est la première issue de l’école, qui a ouvert en 2019. L’E-Sport, il y a 35 ans, n’était pas vraiment très connu ni très développé. C’est une discipline qui s’est installée avec les nouvelles générations.
Déconstruire les clichés
Il y avait un élément de peur des deux côtés, car tout ce qui est nouveau fait un peu peur. De plus, ma promotion est la première de l’école, donc c’était abandonner ou doubler.
De nombreux stéréotypes entourent le jeu et le monde des jeux vidéo. « En fait, nous avons une vie sociale ! » dit Pierre. « On sort, on va au théâtre, au cinéma. Il y a une étude qui a montré que les étudiants en esport sortent plus que la moyenne », ajoute-t-il. Il ne faut pas oublier que de nombreuses réunions se tiennent en ligne, les étudiants affrontant des joueurs du monde entier en toute simplicité. Il apparaît ainsi que le monde de le gaming est un microcosme dense, difficile à intégrer sans connaissance du jeu vidéo.
L’égalité est également à revoir dans le monde de l’ESport. « Dans mon école, je dirais qu’il y a 10% de filles pour 90% de garçons, c’est dommage. » Pourtant, selon le SELL (Syndicat des Éditeurs de Logiciels et de Loisirs), 17 millions d’entre eux jouent régulièrement aux jeux vidéo en France. Et la moitié des joueurs en ligne semblent être des femmes. Alors comment expliquer que seulement 6% des joueurs concourant en France soient des femmes selon l’étude menée par France ESport ?
Dans ESports, il y a du « sport ». Pourtant, le jeu vidéo est rarement associé à la discipline sportive pure et dure. De plus en plus, la tendance est au sport. Les professionnels de l’eSport travaillent avec des équipes d’experts et de physiologistes qui les accompagnent lors des compétitions.
Un esprit sain dans un corps sain, c’est l’idée qui a poussé l’équipe de France E-Sport à recruter Matthieu Péché comme manager et coach. Ancien athlète de renom et plusieurs fois champion du monde de canoë-kayak, il est aujourd’hui responsable de la forme physique de l’équipe Vitality.
L’E-Sport à Sommervieu
Les événements eSports sont festifs, familiaux et fédérateurs. En fait, la frontière avec le « vrai sport » est plus poreuse qu’on ne pourrait l’imaginer.
Dans le Bessin aussi, l’E-Sport est présent. A Sommervieu, la société Sommergeek met à l’honneur l’univers du manga, des jeux de société, de l’animation, mais aussi des jeux. L’objectif est de réunir des amateurs autour de leur passion et de présenter le monde « geek ». Au programme : ateliers jeux vidéo, expos pop culture, cafés geeks…